la violence à l’égard des femmes est une pratique répandue dans toutes les sociétés et les groupes sociaux, c’est une réalité qui a un coût économique et social. C’est aussi une atteinte aux droits humains les plus élémentaires. C'est un phénomène qui ne peut être ignoré, mais encore faut-il le connaître, le mesurer, explorer ses différentes facettes et identifier là où il est le plus répandu.
C’est pour pallier à cette insuffisance et éclairer les pouvoirs publics, par la société civile et les chercheurs, que le Haut-Commissariat au Plan, réalise cette étude basée sur une enquête nationale auprès d'un échantillon de 8.000 filles et femmes. Les données provenant de cette enquête permettront en particulier de mesurer la prévalence des violences à l’égard des femmes dans la société marocaine, d'identifier les caractéristiques des femmes victimes des violences et des auteurs de ces violences, d'étudier l'environnement socio-économique des ménages contenant au moins une femme violentée, etc.
Consacrer une enquête à la prévalence de la violence à l’égard des femmes peut,
dans notre pays, paraître une singulière entreprise. Pourquoi la violence et
pourquoi les femmes ?
Comme on le sait, la violence est, pour le malheur de l’humanité, un
phénomène aussi ancien qu’universel, qu’il revêt plusieurs formes et dont les
auteurs, autant que les victimes, peuvent être indistinctement des institutions, des
hommes ou des femmes, voire des enfants (cet âge est sans pitié…). Elles peuvent
être réprouvées ou légitimées, dénoncées ou appropriées au nom de valeurs
morales, religieuses ou tout simplement de l’ordre établi, légal ou de fait. De tous
temps, philosophes, moralistes, juristes, réformateurs ont été préoccupés par ce
phénomène. Beaucoup se sont attelés à en analyser la nature et les formes, les
agents et les victimes, les déterminations et les conséquences.
En fait, la conception et la finalité de l’enquête sur la prévalence de la
violence à l’égard des femmes dont nous présentons aujourd’hui les principaux
résultats, s’inscrivent dans une démarche plus circonstanciée et dont je voudrais
évoquer succinctement les considérants.
Le premier renvoie au phénomène de l’inégalité. Nos travaux sur le niveau
de répartition sociale des revenus, de l’emploi, de l’accès aux services sociaux de
base, ont permis d’identifier le niveau des inégalités sociales dans notre pays.
Dans ce cadre, il se trouve, souvent, que les inégalités entre catégories sociales se
doublent et se renforcent par des inégalités entre sexes au détriment de la femme.
Il suffit, à cet égard, de rappeler que malgré des progrès significatifs, cette moitié
de la population continue à déplorer des taux d’analphabétisme, de
déscolarisation, des niveaux d’inactivité et des taux de chômage, beaucoup plus
élevés que ceux que connaissent les hommes. Près de la moitié des femmes actives
occupées sont des aides familiales contre 14% des hommes avec respectivement
75% et 25% dans le monde rural. S’il est établi que les inégalités sociales, même
quand elles ne sont pas reconnues et ressenties comme des formes de violence à
l’égard de ceux qui les subissent, ne manquent pas d’impacter, d’une façon ou
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d’une autre, les comportements et les rapports sociaux. Ceux en l’occurrence des
deux sexes posés comme hypothèse de travail devaient être, pour partie,
confirmés par les résultats de l’enquête.
En deuxième lieu, il est devenu évident qu’avec la dimension prise, sous le
leadership de la plus Haute Autorité constitutionnelle et religieuse du pays, par la
rénovation du statut juridique et du rôle social et politique de la femme, les études
statistiques et socio-économiques au HCP, se doivent de s’engager résolument
dans une démarche marquée par le genre et répondre aux préoccupations et aux
questionnements que suscite la modernisation de la société. Déjà en 2005, nous
avions essayé, à travers une enquête spécifique, d’appréhender la perception et les
attitudes des citoyens face à cette montée de la présence féminine dans le paysage
social. Après l’enquête sur le budget-temps des femmes, réalisée en 1997, nous
sommes, aujourd’hui, engagés dans une enquête d’envergure qui permettra de
cerner l’apport des différentes composantes du ménage, hommes, femmes et
enfants au travail social, à la richesse nationale ainsi que le mode et le niveau de
leur rémunération respective.
En troisième lieu, l’enquête sur la violence à l’égard des femmes (ENVF) se
doit de répondre aux besoins en informations précises au service de politiques
nationales soucieuses de conformité avec les principes de la Déclaration de 1993
sur « l’élimination de la violence à l’égard des femmes » et les résolutions
subséquentes des Nations Unies et notamment celles invitant les pays à tenir à
jour les données sur ce phénomène et en améliorer la collecte. Par ses résultats, elle
constitue, à cet égard, une contribution particulièrement utile pour la mise en
œuvre du Plan Stratégique et du Plan Opérationnel de lutte contre la violence
élaboré par notre pays.
Je me dois, à cet égard, et comme de juste, d’adresser mes vifs
remerciements au UN Women pour son soutien financier à la réalisation de cette
enquête et de relever le caractère exemplaire du partenariat que ses responsables
et ses militantes ont su développer avec le HCP. L’enquête en préparation sur
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l’emploi du temps des femmes, des hommes et des enfants sera également l’un des
fruits de ce partenariat. Je ne laisserai pas passer cette occasion sans exprimer mes
hommages et ma considération à l’égard de toutes les femmes qui, aussi bien aux
niveaux officiels, qu’au niveau des associations de la société civile, des partis
politiques et des organisations professionnelles apportent leur savoir-faire et leur
énergie à l’amélioration de la situation des femmes dans notre société.
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